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mercredi 1 septembre 2010

LIVRES SUR PICABIA



Carole Boulbès, Picabia avec Nietzsche : Lettres d'amour à Suzanne Romain (1944-1948), Dijon : Ed. Les Presses du réel, 2010.
Ardent défenseur de l'esprit dada, Francis Picabia (1879-1953) fut l'inventeur de la peinture de Monstres et de Transparences. Guidé par la nécessité de « penser autrement que les autres » – quitte à endosser le costume de l'hérétique ou du bouffon – il était toujours prêt à en découdre avec les arrivistes, les mercanti et les apôtres de la pensée unique. Poète, auteur de textes sur l'art, insatiable épistolier, il écrivait autant qu'il peignait.
Rédigées après-guerre, par un « esprit libre » qui rejetait les carcans de la morale petite-bourgeoise, les lettres d'Amour à Suzanne Romain sont exceptionnelles. Tout en méditant sur les enjeux de la création, Picabia détourna un grand nombre de poèmes et d'aphorismes de Nietzsche qu'il ruminait d'une lettre à l'autre, en évoquant tour à tour sa solitude, son isolement et sa méfiance envers l'Art et ses illusions.



Carole Boulbès, Picabia, Le saint masqué : essai sur la peinture érotique de Francis Picharabia, Paris : Ed. Jean-Michel Place, 1998.
Mené comme une enquête ou plutôt comme huit enquêtes, ce livre permet de réunir quelques "clés sans serrure" de l'oeuvre ludique et jouissive de Francis Picabia. Riche en allusions érotiques, sa peinture est une source de mystère : qui était La Veuve joyeuse ? Portait-elle un corset, un chapeau de paille, un maillot collant à points ? Qui était le Volucelle ? Aimait-il les courses automobiles, les fougères ou plutôt le machaon grand porte-queue ? Peintre, dessinateur, poète, créateur de ballet et scénariste de film, Picabia joua plusieurs rôles. Chacun des huit chapitres part d'une oeuvre spécifique pour tisser tout un réseau relationnel : De Zayas ! De Zayas ! (1915), Le Double Monde (1919), La Veuve Joyeuse (1921), Volucelle (1922), Relâche (1924), Caraïbes (1927), La Brune et la Blonde (1941), Egoïsme (1947). Les contrepèteries, les jeux de l'amour et de la science, les emprunts à l'art populaire, les rêveries du peintre sur la vitesse et la quatrième dimension, ses incursions dans la peinture de Courbet et de Léonard de Vinci, ses emprunts directs à Marcel Duchamp, Man Ray, Paul Éluard et Max Ernst... sont autant de pistes que le lecteur est amené à suivre...



Francis Picabia, Poèmes, préface de Bernard Noël, édition établie par Carole Boulbès, Paris : Ed. Mémoire du livre, 2002.
À partir de Cinquante deux miroirs (1917), jusqu’à Oui Non Oui Non Oui Non (1953), Picabia publia plus de trente recueils de poèmes. Chacun est une expérience littéraire et éditoriale à part entière, aucun ne ressemble à l’autre : la plus petite publication n’a que deux pages (Le lit), la plus importante, cent vingt (Pensées sans langage). Certains recueils forment un bloc de texte, d’autres sont divisés en chapitres, en chants, en paragraphes ou en petits poèmes. Certains volumes sont illustrés et comportent une recherche originale de composition typographique, d’autres sont plus classiques. À ce nombre et ces variations déjà impressionnants, il faut ajouter les œuvres éditées à titre posthume, ainsi que les poèmes et aphorismes publiés dans une vingtaine de revues internationales dès 1913.



Francis Picabia, Écrits critiques, préface de Bernard Noël, édition établie par Carole Boulbès, Paris : Ed. Mémoire du livre, 2005.
La première partie du livre réunit les écrits journalistiques de l'artiste, qui sont regroupés par thématiques et introduits par des présentations contextuelles (sur Dada, le Congrès de Paris, le retour à l'ordre, le surréalisme…). Avec son sens bien connu de la formule, Picabia se montre très acerbe et très critique envers ses contemporains. La seconde partie regroupe ses projets d'avant-garde pour la scène et le cinéma. Les articles qu'il rédigea pour défendre son film Entr'acte et son ballet Relâche - qui suscitèrent l'incompréhension en 1924 - sont également restitués. Par le biais de ces spectacles, Picabia avait établi des liens avec les personnalités les plus en vue de son époque (Blaise Cendrars, Rolf de Maré et Jean Börlin des Ballets Suédois, Erik Satie, René Clair, Jean Cocteau, Fernand Léger…). Enfin les quelques écrits de l'artiste qui furent publiés à titre posthume sont réunis à la fin du volume.

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